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Cuisine et confidences :   

Sylvain Roucayrol, chef de Caché et Amagat 

 

 

Juin  2022

Sylvain Roucayrol

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Cuisine et confidences : Sylvain Roucayrol, chef de Caché et Amagat

Ce sont les restaurants secrets les moins bien gardés de la capitale : Caché* et Amagat* attirent le Tout-Paris au bout d’une impasse au charme fou à l’orée du Père Lachaise. Aux fourneaux de ces deux adresses fondées par les restaurateurs italiens Lorenza Lenzi et Gianpaolo Polverino, le chef Sylvain Roucayrol fait des étincelles en toute discrétion. Rencontre avec ce trentenaire talentueux qui dessine la carte de ces enseignes cachottières, bien dans l’air du temps.

Sylvain Roucayrol
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Sylvain, quel est votre parcours ?

 

La cuisine a toujours été un choix très instinctif. Après l'école hôtelière de Perpignan, j'ai longtemps travaillé à l’étranger, notamment à Singapour, Dubaï (Lasserre) et surtout à Londres - avec Nieves Barragan chez Barrafina, avec Daniel Boulud au Mandarin Oriental, au sein du groupe Experimental… C’était essentiel pour moi de me nourrir sans cesse de nouvelles choses, de me construire à travers ces expériences internationales.

En 2020, destination Paris. Comment a commencé cette nouvelle étape ?

 

Après l’ouverture de L'Experimental à Minorque, j’ai eu envie de m'installer à Paris, sans projet précis en tête. Le lendemain de ma décision, mon ami Mathieu Zouhairi (NDLR : du duo de créatifs The Social Food) m’a présenté Lorenza Lenzi et Gianpaolo Polverino. Après un pop-up de quelques mois, ils m’ont proposé de reprendre la cuisine de Caché. Quand les Parisiens ont découvert l’incroyable terrasse de leur lieu protéiforme (laboratoire-traiteur et restaurant), celui-ci a pris une toute autre envergure !

Sylvain Roucayrol
Sylvain Roucayrol

Décrivez-nous cet endroit unique…

 

C’est un lieu totalement atypique. Le fait d'être un peu à l'écart s’est révélé être un atout : cela attise la curiosité, les clients ne savent pas trop où ils vont mettre les pieds lorsqu’ils arrivent Villa Riberolle… Certains le comparent à un bout de Brooklyn à Paris, pour son côté industriel.

 

Comment définiriez-vous votre cuisine chez Caché ; comment imaginez-vous le menu ?

 

C’est une cuisine conviviale, ludique et surtout facile à partager : ce n’est pas juste un concept. Plus vous êtes nombreux à table, mieux c’est pour explorer la carte qui est exclusivement tournée autour des produits de la mer, et varie en fonction des saisons et des arrivages. Palourdes, amandes, couteaux, turbot, loup… l’on peut avoir jusqu'à vingt-cinq propositions iodées en même temps !

 

Par exemple, vous pouvez commencer par des œufs de truite à la crème fraîche fumée au foin sur des blinis, à accompagner d’un verre de pétillant naturel. Ensuite, comme c’est la pleine saison du thon rouge de Méditerranée, on le prépare en tartare mariné dans une sauce macha au piment péruvien aji panca, chips d’algue nori surmonté d’un jaune d’oeuf cru en clin d’oeil au tartare préparé de bistrot. Je sers aussi des sashimis de daurade royale, très visuels façon écaille de poisson, que l’on décline parfois avec des rougets ou de la sériole.

 

D'où vient cet attachement pour les produits de la mer ? Comment les sourcez-vous ?

 

Six mois passés sur une île (NDLR : pour l’ouverture de l’Hôtel Menorca Experimental) m’avaient sensibilisé au poisson, et quand il a fallu cuisiner sans extraction lors de mon premier pop-up avec Lorenza et Gianpaolo, le cru s’est imposé. Comme nous avons la chance d’avoir une clientèle qui apprécie les beaux produits de Méditerranée, nous travaillons avec quatre fournisseurs différents dont la poissonnerie La Sablaise que l’on se passe sous le manteau entre chefs. Sushi B me l’a recommandé, je l’ai ensuite conseillé à A.T. Ils travaillent aussi avec Alain Passard ou David Toutain…

 

Quel est l'ingrédient dont vous ne pouvez pas vous passer ?

 

Je dirais le yuzu kosho rouge : un condiment japonais qui apporte des notes d’agrumes mais aussi du piquant. Je l’utilise dans un balsamique blanc maison ou en marinade pour les poissons crus. Nos assaisonnements se composent souvent de produits japonais mais ce n’est pas un parti-pris. Aucune influence n’est interdite, tant que c’est pertinent pour chaque plat.

Sylvain Roucayrol
Sylvain Roucayrol
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Comment est ensuite né Amagat (“caché” en catalan), votre seconde adresse au numéro 23 de la même impasse ?

 

Après la deuxième fermeture administrative des restaurants, nous avons recentré notre activité sur la partie traiteur, dont le laboratoire se trouvait dans le local voisin de Caché. Celui-ci avait un magnifique accès à la terrasse ; c'était vraiment dommage de ne pas l’exploiter davantage ! Nous avons donc déménagé le labo au sous-sol de Caché et installé, en prévision de la réouverture, ce nouveau restaurant. Littéralement la porte à côté !

Sylvain Roucayrol

Et vous avez donc choisi d’en faire une cave à manger catalane ?

 

Nos amis communs de The Social Food et moi-même sommes tous trois originaires de Perpignan. Ce retour aux sources s'est imposé comme une évidence. Lorenza et Gianpaolo ont tout de suite suivi – d’autant que la cuisine catalane était plutôt méconnue à Paris. Nous sommes partis à Barcelone puis à Ibiza rencontrer des producteurs, nous imprégner de l'ambiance, cuisiner ensemble… Cela nous a permis d’affiner l'idée d’Amagat, inspirée des bodegas et tavernes du nord de l'Espagne.

Sylvain Roucayrol

 

Comment concevez-vous la carte d’Amagat ?

 

Ici aussi, en premier lieu, nous suivons les saisons. Pas de pan con tomate en hiver ! Parmi les classiques de notre carte, on retrouve une tortilla coulante aux pommes de terre déshydratées, de grosses crevettes carabineros au barbecue, la bomba Barceloneta (une croquette de pomme de terre farcie à la poitrine de porc et soubressade), ou encore le pad’ous, un flan catalan à la vanille. Nous respectons au plus près les traditions culinaires, en y apportant parfois un twist de modernité.

 

Quel est le meilleur moment pour venir chez Amagat ?

 

En ce moment ! L'ambiance et les plats changent, les tomates arrivent… Avec les beaux jours, on rêve d’Espagne et de tapas avec un bon vermouth ou une sangria.

 

Il semblerait qu’une troisième adresse devrait voir le jour dans l’impasse ?

 

En juillet normalement ! Nous avons repris cet ancien garage pour y installer Santa Silvia, notre nouveau projet de concert avec Omar Riolfi, chef italien de notre équipe. Gianpaolo est napolitain et nous avons plusieurs fois organisé de grandes tablées mythiques avec sa mère Silvia. Elle nous cuisinait, entre autres, linguine au poulpe, fritto misto, croquettes napolitaines… Ça nous a donné des envies d’Italie !

 

Valentine Benoist

 

Caché Paris

Ouvert du mardi au vendredi au dîner ; samedi : déjeuner et dîner

13 Villa Riberolle

75020 Paris

https://www.cache-paris.com

 

Amagat

 

Ouvert du mercredi au samedi au dîner ; dimanche : déjeuner et dîner

23 Villa Riberolle

75020 Paris

https://www.amagatparis.fr

 

Crédit photo : Olivier Toggwiler

 

*Porteurs de Cartes Premium American Express, le temps d’une soirée, confiez vos fourneaux à Sylvain Roucayrol qui participe à l’opération American Express “Chef à domicile”. Contactez votre Conciergerie pour en apprendre davantage.

 

*Restaurants en cours d’affiliation American Express