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MORCEAUX CHOISIS

 

Palais Royal Restaurant :

Philip Chronopoulos en état de Grèce

 

Octobre 2023

 

 

Blotti entre les majestueuses colonnes du Palais Royal, le restaurant du même nom est le temple de Philip Chronopoulos. Ce chef d’origine grecque projette la lumière de la mer Égée dans la haute gastronomie française héritée de Bocuse et de Robuchon. Rencontre avec un cuisinier discret et sympathique à la cuisine solaire qui lui vaut deux étoiles au Guide Michelin.

 

Palais Royal
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Quand on traverse les jardins du Palais Royal et son monumental passage voûté, le poids de l’histoire est palpable dans le décor. Pourtant, la salle à manger du restaurant où œuvre Philip Chronopoulos étonne par son caractère intimiste et son accueil empreint d’allégresse. “Je ne veux pas que ce soit une adresse gastronomique intimidante : je veux un restaurant exigeant mais joyeux et décontracté.”, annonce d’emblée le chef, tout sourire, comme s’il lançait sa devise. Cette joie communicative se déploie dans un intérieur feutré au mobilier contemporain et aux teintes claires, prolongé d’une spectaculaire terrasse installée sous les arches spectaculaires de la galerie de Valois.

 

La passion de Philip Chronopoulos pour la cuisine se noue à l’âge de 18 ans, lors de sa formation à l’école Bocuse à Lyon : “j’ai tout de suite adoré la gastronomie française. Les sauces, les préparations, les tours de main… Je suis tombé sous le charme. Tout m’a impressionné. Et j’ai découvert que la cuisine pouvait être un art”, se remémore-t-il. Après un passage dans les cuisines inspirées de l'Arpège avec Alain Passard, Philip Chronopoulos suit le pape Joël Robuchon dans ses aventures à travers le monde, jusqu’à l’ouverture de l’Atelier Etoile de Joël Robuchon, sur les Champs-Elysées. Mais après des années de bons et loyaux services, ce travailleur acharné éprouve le besoin de s’émanciper de son mentor.

Palais Royal

 

Avant l’arrivée de Philip Chronopoulos en 2015, le Palais Royal Restaurant servait une petite restauration de terrasse. Le chef voit une opportunité dans cette absence de tradition gastronomique : il entre dans un établissement vierge où tout est à construire. Et il va vite y imposer sa patte. Son style, c’est d’abord une haute-cuisine nette et virtuose, qui lui vaut une première étoile au guide Michelin en 2017. « Il n’y avait rien de grec dans mon menu à ce moment-là : j’étais un cuisinier strictement français ! », s’amuse-t-il. Il faut attendre le confinement pour que le grand style du chef se mâtine de touches hellènes. Cette période d'arrêt forcé lui offre du temps pour réfléchir ; l’idée d’affirmer ses origines dans ses plats fait son chemin. « J’ai alors décidé de relever le défi d’une cuisine grecque fine et délicate ! ». Un pari gagné haut la main puisque le guide rouge lui décerne sa deuxième étoile en 2022.

 

Des marqueurs méditerranéens jalonnent le repas, comme l’origan, son herbe-totem, qui habille les tables et embaume les assiettes ; l’huile d’olive du sud du Péloponnèse pressée par un ami de son père ou le yaourt qui clôt le repas. Une démarche de retour aux sources qui va de pair avec une simplification des intitulés : plutôt que des longues phrases compliquées, il préfère annoter brièvement les composantes du plat. “Je ne veux pas que les intitulés soient impressionnants, au contraire”, réitère-t-il.

 

Palais Royal
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Chez Philip Chronopoulos, tous les repas commencent par un assortiment de portions à partager. « Je n’ai pas voulu appeler ce service “Amuses-bouches” mais bien “Mezzé” afin d’annoncer la couleur : je suis un Grec à Paris ! », résume-t-il. Ce jour-là, son menu “D’Athènes à Paris”, s’ouvre sur une salade bien de chez lui à la tomate et au concombre surmontée d’une très gracile glace à la feta. Elle est escortée, entre autres délices, par une pétulante tartelette aux herbes inspirée de la spanakopita, ce feuilleté très populaire en Grèce. Sa version gastronomique émerveille : sous la surface, très friable en bouche, à mi-chemin entre la pâte filo et pâte brisée, se cache une farce d’épinards, d’herbes et de feta rehaussée de vin jaune pour la touche gauloise. S’ensuit un bijou de tartare de thon pris entre deux fins médaillons de pâte croustillante, le tout enchâssé dans une eau de tomate et pastèque puis coiffé de fleurs éclatantes.

 

Plus tard, le chef dresse un plat éblouissant de ravioles de maïs et sommités de chou-fleur dans une émulsion de coquillage lumineuse, rehaussée de pinces de homard en papillote à la cuisson parfaite et flanquée du même crustacé en tempura.

 

Palais Royal
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En dessert, un millefeuille croustillant est combiné à une crème vanillée et à de belles fraises, à peine confites dans un sirop lustral, puis piquées de fleurs de sureau. La fin du repas prend la forme des loukoumades, ces beignets ronds au miel à l’opulence irrésistible. “Pour moi, c’est évident de finir avec cela. Un peu de satisfaction régressive pour conclure, c’est important : on va au restaurant pour prendre du plaisir !”, déclare le chef.

 

Palais Royal

 

Au service et aux vins, le chef sommelier Raphaël Cohen fait des merveilles, sans emphase. Il instille une énergie douce quand il conseille les vins méditerranéens qui colorent sa cave mais aussi les prestigieux bourgogne ou les cocktails de haut vol dont il est fin connaisseur. Les équipes du restaurant du Palais Royal réussissent le tour de force - pas si fréquent - d’animer une adresse gastronomique chaleureuse au cœur de l’un des monuments les plus impressionnants de Paris.

 

Quand on lui demande comment il voit l’avenir, Philip Chronopoulos nous révèle que le groupe Evok présidé par Pierre Bastid, propriétaire de l’enseigne et qui détient aussi l’hôtel Nolinski avenue de l’Opéra, s’apprête à ouvrir une nouvelle adresse à Venise. Et en sus de l’hôtel, une version italienne du restaurant du Palais Royal qui devrait voir le jour début 2024. C’est lui qui en sera également le chef : après un Grec dans la Ville Lumière, un Grec dans la Sérénissime ? “Cela n’aurait pas vraiment de sens de faire de la cuisine grecque depuis Paris pour Venise, alors je réfléchis encore à ce que je vais y servir mais les produits de la mer que l’on trouve à Venise sont fantastiques et ça me met en joie !”, s’enthousiasme-t-il. Il ne fait aucun doute que deux palais royaux ne seront pas de trop pour loger son talent souverain. Et sa bonne humeur rayonnante.

 

Aïtor Alfonso

 

Palais Royal Restaurant

Ouvert les lundis et mardis, au dîner, et du mercredi au vendredi, déjeuner et dîner

110, galerie de Valois 75001 Paris

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https://palaisroyalrestaurant.com/

 

Crédit photo : Olivier Toggwiler (Bureau Tonic Studio)

 

* Au sein de Palais Royal Restaurant, les porteurs de Cartes American Express Platinum et Centurion ont accès à des tables pré-réservées, et ce jusqu’en dernière minute.